« Vivez pour vous mais existez pour le bien de tous ». Le bien de la cité, le bien de la ville, le bien de la région, le bien du pays, le bien du continent, le bien de la planète et de toutes les espèces vivantes, y compris la faune et la flore, avec lesquelles l’homme est censé coopérer pour établir un équilibre basé sur le respect et la compréhension.
Cet équilibre est aussi au cœur des rapports entre les femmes et les hommes de notre société. Est-ce une utopie de « Migrant » que de vouloir être en accord avec les membres du groupe que nous avons intégré. Pourquoi cette attitude vous semble-t-elle normale quand pour d’autres elle apparaît antinomique à leurs façons de faire et d’agir ?
Je viens tout juste d’intégrer un nouveau « foyer » ; j’emploie le mot « foyer » car il implique la notion d’abri, de protection, de responsabilité et de respect mutuel. Ce foyer est composé de personnes que je ne connaissais pas, un groupe plus exactement, déjà constitué avec un projet commun. Ces « Migrants » véhiculent avec eux leur passé, leur histoire, leur présent, leur rêve, leur desiderata et leur futur en mouvement et cependant nous devons partager la même Maison.
Pour que nous puissions tous vivre ensemble malgré nos divergences et nos différences, des règles communes qui déterminent et régissent les rapports au quotidien sont essentielles ; elles doivent être solides et être respectées. La première est que chacun doit participer à maintenir la Maison propre et accueillante. Néanmoins, si cet état de fait me semble naturel, pour « le groupe », c’est plus compliqué.
Certains dans le « groupe » pensent qu’ils ne sont pas « Migrants ». Ils n’ont pas voyagé sans papier sur un bateau à la merci d’un passeur, pour entrer clandestinement en Belgique. Ils n’ont pas fui un pays en guerre ou en proie à la misère, à la famine, à la dictature et aux désastres écologiques. Ils n’ont pas été privés d’espoir. Ils n’ont pas vécu les affres d’une vie sans rêve et sans perspective. Ils n’ont pas bravé les pires dangers, la mort et/ou l’inimaginable pour mériter un Toit sûr et confortable. Ils pensent que leur statut les dispense d’apprendre et de pratiquer les bases du « vivre ensemble ». Ils ont leurs propres règles et fonctionnements. Peut-on, dès lors, expérimenter le « vivre ensemble » sereinement et intelligemment alors que nous ne fixons pas le même horizon ?
Une dimension de leur être n’a pas encore éclos : celle de la conscience collective qui permet de reconnaître et d’inclure l’autre dans l’expérience. Nous ne sommes capables d’interagir avec l’autre que si nous sommes conscients de nous-mêmes en tant qu’acteurs dans l’expérience que nous vivons avec des droits et des devoirs. Un toit ne suffit pas pour porter et mettre en mouvement une mission. Un toit a besoin d’abriter des hommes et des femmes conscients d’être présents dans l’expérimentation du « vivre ensemble » afin de matérialiser du sens.
C’est la rencontre entre nous Tous Migrants « conscients » et la Maison Josefa qui pérennise la mission de la Fondation Josefa.
Je me suis toujours considérée comme une éternelle migrante. Dès mon plus jeune âge, j’ai pris conscience que j’étais de passage sur cette planète et que, si je veux grandir physiquement et élever mon âme afin de l’affranchir de la condition humaine, il va falloir que je transmute mon rapport au Monde pour me rendre libre et que j’apprenne à m’adapter en toutes circonstances avec équanimité. La vie m’a enseigné de belles leçons, m’a nourrie spirituellement et m’a conduite dans des réalités ineffables.
Aujourd’hui, j’expérimente avec reconnaissance et gratitude cette nouvelle réalité qui me permet d’affiner ma philosophie de vie car j’ai appris à vivre une vie adaptée à un monde en mutation.
Carol