Aux premières années de la Fondation Josefa, le mot d’ordre était : « changer de regard » en particulier sur cette nouvelle population qui commençait à migrer, d’un peu partout, et que l’actualité appelait « les migrants »…
Il évoluera progressivement vers un nouvel appel qui était cependant présent dès l’origine : « tous migrants ». Quelques citations glanées au cours des années éclairent ce choix initial et cette évolution.
Dès le 28 août 2012, près d’un an après sa création, l’appel aux donateurs invite à ce changement de regard, y compris sur la finance : « Si j’apporte ma pierre à l’édifice Josefa, je prends une part active dans sa construction, je modifie mon regard sur la migration, je vis l’expérience de l’autre, de l’étranger par une contribution hospitalière, j’apporte des fonds et j’obtiens un certificat immobilier ou une déduction fiscale ; je prends en charge tout ou partie de l’hébergement d’un résident réfugié ou d’un concitoyen. Si je le veux, je peux aussi réfléchir sur les enjeux de la migration, du logement, de l’insertion, sur un possible changement de regard, voire sur une juste contribution fiscale, pour mieux grandir ensemble ».
Quelques semaines plus part, le 15 octobre 2012, la fondation s’exprimait clairement : « Notre cantus firmus : conversion du regard » … « Sa mission : depuis mi 2015, la Maison Josefa est au service d’un changement de regard sur nos migrations. L’originalité du programme Maison Josefa… se manifeste dans l’implication de nous tous, bénéficiaires résidents, personnes réfugiées ou autres citoyens du monde non affectés par une migration forcée, comme contributeurs, partenaires socio-économiques ou financiers. Tous, nous nous engageons pour construire un « vivre ensemble » pacifié et durable, en nous invitant, au cœur de notre société, à un changement de notre regard des uns envers les autres ».
Appel renouvelé aux contributeurs l’année suivante, le 1er octobre 2013 : « Contribuer à la Fondation Josefa, c'est ainsi partager une vision et une mission autour de l'accueil de personnes réfugiées, au sein de la Maison Josefa, à bâtir ensemble. Tout l'enjeu réside dans le changement de regard vis-à-vis des migrants. Ce regard se renouvelle si l'on accepte, au fond de soi, que tout homme est un migrant potentiellement vulnérable ».
Le 20 mars 2014, la fondation rappelle son ambition : « La migration forcée, en son évènement contraignant, peut être la source d’un changement d’attitude ou de regard face au monde… C’est notre pari à Josefa, de nous inviter à un changement de regard, des uns sur les autres, des uns et des autres sur le monde et ses continents, et de modifier ou d’abandonner les outils de mesure du « développement », à la mode occidentale. Par le biais d’un accueil en réciprocité et d’un accord sur la nécessité d’une co-insertion, la Maison Josefa se veut, à sa mesure, actrice de ce changement sociétal ».
Pari ravivé en fin d’année, le 12 octobre, par la situation même : « À ce jour, l'actualité au Moyen Orient, entre autres, les afflux de personnes migrantes sur les côtes européennes, italiennes en particulier, et à Calais, entre autres, la diversité grandissante des peuples des cités européennes, à l'image de Bruxelles, invite à un regard renouvelé sur la migration et les flux migratoires particulièrement en Europe… Dès lors, en guise de proposition, ou de questionnement, il semble qu'à la suite des responsables de nombreuses confessions religieuses, comme de nombre de personnalités politiques, en lien avec les nombreux acteurs œuvrant pour une nouvelle approche migratoire européenne, il faut relever l'enjeu de favoriser en profondeur un changement de regard, puis d'attitude ».
En quittant la maison Josefa, une stagiaire exprime sa reconnaissance le 15 décembre 2015: « Merci Josefa, de nous ouvrir cette voie de changement du regard sur la migration et merci pour cette collaboration au sein de l’équipe, joyeuse, humaine, professionnelle et motivée ».
Le 17 mars 2016, la fondation précise que même l’organisation de l’espace invite à ce changement : « L’espace (qui sera le cœur de la Maison Josefa, à savoir le lieu de prière et de méditation) se veut une étape invitatoire à celles et ceux qui franchiront le seuil de la Maison Josefa, pour y résider ou pour y bénéficier d’un service (restauration, médecine ou culture), une proposition à un changement de regard sur nos migrations, à une conversion migratoire ».
Enfin, le 18 mars 2019, c’est toujours le même refrain : « Le moment est venu de convertir notre regard sur nos migrations : il y va de notre responsabilité́, à tous et à chacun, à toi comme à moi, à l’égard des générations futures ».
La vision même de la Fondation Josefa évolue et se formule d’une autre façon laquelle était déjà présente à son origine. En incluant toute personne dans la migration, "tous migrants", le changement de regard s’élargit à la fois à toute personne et à la totalité de chaque personne prise en son unicité. Le 19 mars 2018, la Fondation formule ainsi sa vision : « La proposition "Tous Migrants" relève d’une approche voulue globale : physique, psycho-intellectuelle et spirituelle. Josefa veut interpeler chacun d’entre nous à la mesure de son être-migrant. Josefa privilégie les dimensions culturelles et convictionnelles attachées à nos migrations invite à un changement de regard à porter sur soi avant de le porter sur les autres, "les migrants", et donc à un changement de langage politique et législatif : "tous migrants", afin d’éviter les approches discriminatoires dans le champ de nos migrations ».
On le voit, le changement de regard n’a pas disparu : il s’est élargi au champ politique et approfondi en chaque personne. Renforcé par l’ancien-nouveau slogan « tous migrants », il rejoint la citation de Paul VI dans Populorum progressio : « Pour être authentique, le développement doit être intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l'homme ».