Perception et Migration

Avec quel(s) regard(s), j’accueille le phénomène migratoire ? Avec quelles dispositions et quelles intentions, je suis touché par les questions que soulèvent nos migrations ? D’ailleurs, suis-je encore libre de mon « être-migrant » et de mes perceptions relatives à nos migrations ?

En effet, je suis certainement, d’une manière ou d’une autre, déterminé, ne serait-ce que, culturellement, par la pensée avec laquelle j’aborde autrui en sa condition migrante. Autrui, en son statut de parenté, d’autorité publique ou privé, de média, de politique, de tiers contingent, conditionne mes perceptions, intérieures et extérieures, à moi-même.

Si je m’abandonne, sans excès d’affection, à la perception que je ressens au moment de la rencontre du visage d’autrui, nul doute que cet exercice, que cette expérience, génère une tension, voire un combat, oscillant entre antipathie et sympathie, ou, exceptionnellement, (est-ce réellement possible ?) empathie ?

Mais, en réalité, face à autrui-migrant, lui-même, en sa singularité ou en sa particularité, il me semble que, le moment venu de la rencontre, je serai un autre ; un autre, affecté, dont la perception en sera modifiée et encore modifiable.

Si j’ose penser que je puis exercer un semblant d’autonomie face à autrui, il n’en demeure pas moins que notre co-altérité en devient source de transformations.

Perception est Migration.

Gilbert