Les trois T

Pour s’épanouir et se réaliser, l’être-migrant que nous sommes a besoin de ce que le Pape François nomme les trois T : Travail, Terre, Toit. Beaucoup de celles et de ceux qui décident de quitter leur pays d’origine le font parce que, d’une manière ou d’une autre, ils n’ont pas trouvé ou bien ils ont perdu l’un de ces 3 T.

Nombreux sont ceux qui, chez eux, vivent d’expédients, se « débrouillant » dans l’informel, faute de trouver un emploi, même après avoir obtenu un diplôme universitaire : on trouve des licenciés chauffeurs de taxi ou vendeurs de fripes au marché. Certains, éblouis par certaines publicités des pays dits riches, tentent alors l’aventure d’aller chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas chez eux et prennent le risque d’un exode souvent dangereux.

D’autres, sous la pression de conflits locaux ou du fait d’événements climatiques, sécheresse ou inondation, sont chassés de leur terre qu’ils doivent abandonner et prennent aussi la route de l’exil. Du coup, ils perdent en même temps le 3ème T, leur maison.

Ainsi, pour diverses raisons, ceux qui migrent territorialement ont, finalement, perdu leurs 3 T et se retrouvent le plus souvent sans Travail, sans Terre et sans Toit, qui leur manquent pour se réaliser. Mais, en fait, l’heure n’est pas à l’épanouissement : l’urgence est alors de pouvoir déjà se mettre à l’abri, se protéger contre le froid, la pluie, voire la neige, pour survivre.

De la tente sur un trottoir aux foyers ou centres d’accueil où les risques sont grands de vols ou d’agressions, on est encore loin du Toit souhaité. Et, de plus, on se trouve en terre étrangère, éloigné de la patrie, la terre de ses ancêtres et des siens.

Quelques petits boulots « au noir » peuvent conduire vers un emploi qui n’est, en fait, au sens propre, qu’un « gagne-pain », mais aucunement le travail dans lequel quelqu’un peut s’épanouir.

On le voit : ainsi, beaucoup de gens sont privés des 3 T souhaitables pour leur épanouissement, réduits à vivre une humanité au rabais.

Celles et ceux d’entre nous qui, pour la plupart, bénéficions des 3 T, même s’ils ne sont pas toujours tout à fait satisfaisants, quelle part d’hospitalité pouvons-nous partager avec ceux qui en sont davantage démunis ? Cela questionne aussi bien nos politiques que notre capacité personnelle d’ouverture et d’accueil à notre Autre-migrant.

Jean-Louis