Dérive, Dérêve

Je pourrais commencer par un oxymore pythagoricien 

Tout corps plongé dans un liquide ... tu devines la suite ;

Ou alors, aborder l'affaire sous un angle de sophistique aristotélicienne :

L’homme produit le plastique ; or, celui-ci flotte, donc l'homme flotte.

Entre l'homme et le plastique, un point commun :

Ils partagent une manière d'exil.

L'un quitte un continent inhospitalier par la mer ;

Le second se constitue un continent à lui tout seul.

Le premier se nourrit d'une folle idée du destin

Le second en forme le dérivé abâtardi.

Mais l'échelle des valeurs n'en a cure,

Les deux sont repêchés dans leur dérive :

Au premier, ses rêves recyclés en illusions,

Au second, son rebut recyclé en corps-mort, 

N'empêche : les deux servent d'amarre,

Mais qui des deux garde sa ligne de flottaison ? 

Jean-François