Nous vivons par l’œil déposé sur nos migrations présentes. Intelligence.
Nous pensons par le regard orienté sur nos migrations passées. Mémoire.
Nous espérons par la vision de nos migrations à venir. Volonté.
Mais quels sont ces regards mouvants ? Quelle forme ou quel esprit les animent ?
Il est bien délicat de se reposer du jeu de nos regards, ce y compris lors de nos nuits ensommeillées. Effectivement, le sommeil poursuit son enivrement au gré de nos imaginations migrantes.
N’y-aurait-il aucun temps, aucun espace pour échapper au bruit de nos migrations ? Jusqu’à ma pensée dont le cantus firmus bat à la mesure des courants inscrits au cœur des migrations enchevêtrées de nos corps insurgés. Vie.
Et, de fait, le langage, quelle que soit sa forme, n’échappe aucunement à ces mouvements infinis que sont nos migrations.
Aucun temps, aucun moment, aussi éphémères soient-ils, n’échappent à l’in-différente migration.
Par voie de conséquence, seul mon regard, lui-même migrant peut oser l’indécence de visualiser, en soi et par-delà soi, de figer nos migrations, ne fusse qu’un instant. De fait, tout est naturellement migration, ce aussi dans le regard posé sur le regard.