2023 (s) : la roue tourne

Comme 2022 a été le temps, le moment, de l’installation au Moulin Josefa, il pourrait être légitime de voir en quoi cette nouvelle migration tend à éclairer les possibles 2023 (s). 

Si, en sa démarche, le Moulin Josefa, se veut penser une autre manière d’être ensemble, au monde, une autre manière d’accueillir, de recueillir nos migrations, en tant qu’êtres humains et plus largement en tant qu’être vivants, il y a donc un temps de préparation et de discernement qui s’engage.

Comme à Bruxelles, à la Maison Josefa, à Walhain, au Moulin Josefa, il s’agit en quelque sorte de fabriquer du commun sans négliger les singularités de chacun en son environnement propre ou partagé. En quelque sorte, la roue tourne certes à la force de nos humanités, de nos technicités, de nos savoirs, mais pas… sans autres et sans eau.

Car c’est bien dans nos interrelations que se disent nos conditions d’existences. Nos solidarités s’expriment possiblement (devraient s’exprimer) au cœur de nos vies en migrations, sources elles-mêmes de nos relations vivantes. Tant nos extériorités que nos intériorités vivent d’autrui. C’est bien dans la pensée d’autrui, avec autrui, dans sa rencontre réelle ou virtuelle, bref dans le langage partagé (ou pas d’ailleurs, pour des questions de langage : comment dia-loguer avec un arbre, une libellule ?) selon les êtres vivants rencontrés que notre être-ensemble est et devient.

Dès lors, penser pour partie (l’essentiel échappant au langage humain) notre futur ensemble, suppose/ra des changements radicaux, au-delà de ce que certains appellent « transition ». Car il n’y a de transition, voire de rupture qu’à la mesure des pas de chacun, de chaque être humain et vivant.

Habitats, biodiversités, arts ou spiritualités : la première étape du cheminement « Moulin Josefa » consiste sans doute à prendre la mesure du (s) ; comme pour 2023 (s), tout est ouvert, enfin, espérons-le.

Si le Moulin Josefa, et dans une autre mesure la Maison Josefa, est un espace mutualisé enrichi par nos « migration(s) » entre êtres vivants, sans nécessairement franchir des frontières géographiques, émergent trois étapes essentielles.

Regards. Josefa invite à percevoir, voir, penser autrement le paysage qui nous apparaît en sa diversité de « réalités » et de « perceptions ». Invitation à un exercice de « migration » du regard, de mon regard.

Pourquoi ? Pourquoi le Moulin Josefa, pourquoi la Maison Josefa ? Afin d’envisager un être autrement. Ensemble, migrant (intériorité comme extériorité). Je suis ce que je suis, ce que je deviens et non pas ce que d’autres décident que je suis : par exemple de me voir qualifié de « migrant » ou de « non migrant ».

Josefa. Une double proposition politique, sociétale. Maison Josefa et Moulin Josefa : une autre voie possible face à la manière ultra-conservatrice/traditionnelle (discriminante/discriminatoire) dans laquelle sont généralement enfermés nos itinéraires à chacun de nous êtres-vivants (plutôt que « les abeilles », entendre chaque abeille distinctement ; plutôt que « les migrants » écouter chacun d’entre nous, en son unicité. .... Agir autrement.

De fait, quel défi et comment porter plus avant un vécu de 11 ans (Josefa a débuté son aventure en 2011) ... un réseau de 15.000 personnes, + de 100 bénévoles, + de 140 résidents, des milliers de visiteurs, des conférences, des ateliers, des expositions, des concerts… ?

Pour autant, depuis 2011, la question reste toujours en suspens : quelle vision renouvelée pour nos migrations ? Selon Josefa, la perception du paysage migratoire doit changer : avec, pour chacun, chacune, l’exercice de la liberté de sa propre perception (culture, environnement) : inclusivement selon son propre parcours. Chaque être vivant/humain demeure fondé en migration.

L’horizon de nos migrations : Articulation du penser, de l’être et de l’agir. Éthique de la responsabilité au sens des Commun(s). Libération des représentations (politiques, médiatiques, sociologiques…). 

Chacun de nous, Migrant, en sa roue propre, « le moment venu » (parfois ultimement, au seuil de sa vie biologique), n’aspire-t-il pas à « nourrir » l’ensemble de nos humanités, à prendre part à un autre mode d’habiter « le monde ». Une utopie pour 2023(s).